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21/10/2009

''Chrétien et libéral ?'' Mais non : ça ne va pas ensemble, Paul VI le disait déjà

Sous le titre : « Chrétien et libéral ? Un catholique peut-il être à la fois soucieux de la doctrine sociale de l'Eglise et partisan du libéralisme ? », un mouvement catholique organise un débat à Paris. Mais la réponse est connue depuis longtemps. Elle fut donnée (entre autres) par Paul VI en 1971 :


 

Paul VI, lettre apostolique Octogesima Adveniens  au cardinal Roy (président du conseil des laïcs et de la commission pontificale Justice & paix) à l’occasion du 80ème anniversaire de l’encyclique Rerum Novarum :



"...Aussi le chrétien [...] ne peut-il, sans se contredire, adhérer à des systèmes idéologiques qui s’opposent radicalement, ou sur des points substantiels, à sa foi et à sa conception de l’homme :

- ni à l’idéologie marxiste, à son matérialisme athée, à sa dialectique de violence et à la manière dont elle résorbe la liberté individuelle dans la collectivité, en niant en même temps toute transcendance à l’homme et à son histoire, personnelle et collective;

- ni à l’idéologie libérale, qui croit exalter la liberté individuelle en la soustrayant à toute limitation, en la stimulant par la recherche exclusive de l’intérêt et de la puissance, et en considérant les solidarités sociales comme des conséquences plus ou moins automatiques des initiatives individuelles et non pas comme un but et un critère majeur de la valeur de l’organisation sociale..."



Cette lettre est citée dans l'encyclique Caritas in Veritate de Benoît XVI, qui consacre d'ailleurs un chapitre entier à la pensée économique et sociale de Paul VI.

Il y a des catholiques pour nous assurer que le « vrai » libéralisme n'est pas le libéralisme réel, celui dont parle Paul VI, mais  on ne sait quoi d'autre (attesté nulle part) et que l'on imagine compatible avec l'évangile. Hélas ! il n'existe aucun libéralisme autre que le libéralisme réalisé. On connaît ses résultats depuis deux siècles : ils sont inhumains, et l'Etat doit ensuite intervenir pour re-civiliser l'économie et la société.

Naguère, les intellectuels trotskistes nous expliquaient que le « vrai » communisme n'avait rien à voir avec le communisme réalisé, tel qu'il était partout où l'on tentait de l'appliquer. C'était la même démarche (à l'autre extrémité de l'éventail politique) que celle de nos libéraux 2009. Paul VI avait raison de faire le parallèle entre les deux idéologies...

La réponse à la question est donc connue sans qu'il soit besoin d'en débattre ! (Surtout si l'on n'invite au débat que des hommes politiques de droite et des membres du Medef). 

 

18:23 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : christianisme

Commentaires

COMME SI C'ETAIT LE SEUL PROBLEME

> Lassant, ce tic des bons jeunes gens catholiques : toujours rouler pour les partis politiques de droite en abritant cela sous un décor chrétien ! Comme si le seul problème au monde était d'arriver à donner bonne conscience aux conseils d'administration, qui n'ont rien à foutre de quelque conscience que ce soit. Tiens, je vais relire Léon Bloy.

Écrit par : Mualca, | 21/10/2009

> Et si "l'éventail politique" n'était qu'un cercle, et que les deux extrêmes se rejoignaient.

Écrit par : Annie, | 21/10/2009

PAS POUR TOUS

> Quitte à verser dans l'oecuméniquement incorrect, ne faut-il pas rappeler que l'idéologie libérale est un produit de la Réforme ? Qu'elle a été théorisée par un pasteur, Adam Smith, qui s'est lui-même appuyé sur l'idée, défendue par Locke, de l'autonomie des champs politique et religieux? Qu'enfin, la prédestination calviniste a contribué à changer notre rapport à la réussite (qui est devenue signe de l'élection divine), et aux pauvres (damnés de la terre, Eugène Pottier ne s'y était pas trompé en composant l'Internationale) ? Que ces conceptions modernes ont fait le lit de l'individualisme libéral? Aussi, lorsque vous dites que "chrétien et libéral, ça ne va pas ensemble", ce n'est pas exact, sauf à considérer que christianisme et catholicisme se confondent. Et à côté de quelques universitaires protestants qui plébiscitent Caritas in veritate, il y a la cohorte de ceux qui luttent contre le projet de sécurité sociale porté par Obama ... au nom de leur foi. Ce que vous présentez comme une évidence ne l'est donc pas pour tous.

Écrit par : Olivier C., | 22/10/2009

TRADIS ET PROGRESSISTES AVAIENT TORT

> Ce type de déclaration de Paul VI est en partie à l'origine de la haine qui lui ont vouée les "cathos tradis", qui estiment qu'il les a trahis idéologiquement et politiquement à l'époque où il fallait "lutter contre le communisme".
B.XVI, cet ultime génie, démontre toute la journée où était l'erreur : il assume du même mouvement toute la tradition liturgique de l'Eglise ET la condamnation du libéralisme.
Ainsi, les cathos progressistes et les cathos tradis avaient tort à l'époque.

Écrit par : JG, | 22/10/2009

@ Annie :

> c'est un peu ce qu'a montré, je crois le Père Gaston Fessard, avant même la seconde guerre mondiale, en montrant que communisme et nazisme étaient deux idéologies parfaitement similaires, comme les deux pendants d'une seule et même dialectique. Aujourd'hui, avec bien plus de nuances et de subtilité cependant, nos clivages gauche/droite reflètent toujours la même dialectique. C'est le manège des idéologies...

Écrit par : Pneumatis, | 22/10/2009

@ JG

> Assimiler "cathos progressistes" et "marxistes" me semble être un raccourci un peu rapide. D'abord parce que le terme progressistes est un peu trop utilisé comme un fourre-tout pour stigmatiser les cathos plus à gauche que nous-mêmes, ensuite parce qu'il y a de la place pour autre chose qu'une alternative entre le marxisme, le libéralisme, et rien d'autre.

Écrit par : Mahaut, | 22/10/2009

A Olivier C. :

> "l'autonomie de champs politiques et religieux" est un concept reconnu par l'Eglise catholique elle-même jusqu'à nouvel ordre. Elle condamne plutôt la séparation totale et la non subordination de l'un à l'autre.

Écrit par : JG, | 22/10/2009

Pour information:

Voici le lien internet de France 3 Bretagne relatant l' enterrement de Didier Martin, 25 ème suicidé de France Télécom.
Bien cordialement

http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=bretagne_soir3&video_number=1

Écrit par : 13, | 22/10/2009

A Mahaut :

> quand je dis "chrétiens progressistes", je n'englobe pas tous les chrétiens de gauche. Je veux parler de ceux qui se sont fait, dans la lignée du marxisme, du "progrès" un guide, une loi, une boussole.
Je crois bien, avec vous, que l'alternative n'est marxisme ou libéralisme. Sinon, il n'y aurait plus qu'à se suicider.

Écrit par : JG, | 22/10/2009

CHESTERTON

> « Le monde s'est divisé entre Conservateurs et Progressistes. L'affaire des Progressistes est de continuer à commettre des erreurs. L'affaire des Conservateurs est d'éviter que les erreurs ne soient corrigées. » (G.K. Chesterton, Illustrated London News, 19 avril 1924).

Écrit par : E. Campion, | 22/10/2009

DON FELIX

> L'hostilité de l'Eglise au libéralisme ne date pas de 1971; elle est en réalité bien plus ancienne. En 1886 Don Felix Sarda y Salvany a publié un ouvrage intitulé "Le libéralisme est un péché."Rome a arbitré en sa faveur et n'est jamais revenue sur cette décision.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1993_num_82_1_1655_t1_0338_0000_4

Écrit par : Nicolas Dangoisse, | 22/10/2009

PRIORITAIREMENT

> D'accord avec Olivier C. mais ne doit-on pas en conclure que la démarche oecuménique devrait aujourd'hui se faire prioritairement en direction des orthodoxes et de ceux (rares) parmi les protestants qui rompent clairement avec l'idéologie libérale-libertaire? Voir le ralliement des anglicans de la TAC.

Écrit par : grzyb, | 23/10/2009

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